Effet placebo et Sophrologie ?

Mécanismes effet placebo et sophrologie

Cet article aborde les résonances entre l’effet placebo et la sophrologie. Alfonso Caycedo est neuro-psychiatre et professeur de psychiatrie ; il a inventé la Sophrologie dans les années 60. Quant à l’effet placebo, il est apparu dès 1628 grâce au savant Robert Burton. Mais cet effet a longtemps végété dans les marécages du charlatanisme auprès des médecins et de la population générale.

Un peu d’histoire

Il y a eu, entre autres, la petite histoire positive du médecin anesthésiste Henry Beecher : pendant la seconde guerre mondiale, il a manqué de morphine pour soulager les douleurs des soldats. Il leur a administré une solution saline en continuant de leur dire qu’il s’agissait d’un produit analgésique. Ce qui les a soulagé. D’ailleurs, le Dr. Beecher est à l’origine de l’introduction systématique d’un groupe placebo dans les études cliniques.

C’est surtout à partir des années 90 que les recherches sur l’effet placebo et son contraire l’effet nocebo ont beaucoup évolué. Notamment grâce à Fabrizio Benedetti. Il est Professeur de physiologie et de neurosciences à la faculté de médecine de Turin en Italie. Il s’est consacré à l’effet placebo dans le domaine de la douleur.

L’effet placebo, qu’est-ce-que c’est ?

A l’issue d’un traitement médicamenteux contre la douleur, le Dr Benedetti a donné un placebo à ses patients. C’est-à-dire un produit neutre : de l’eau fraiche, une boisson un peu sucrée…  Et l’imagerie cérébrale a permis de mesurer une activation des opioïdes endogènes. Mais également une inhibition, une diminution de l’activité de certaines régions du cerveau associées à la sensation de douleur. Et cet effet représente en moyenne 30 % des réactions des personnes concernées par les études. Parfois, 50 % dans des contextes particuliers.

D’une manière générale, ses travaux sont venus préciser les contours que recouvrent cette notion, tant pour ce qui concerne ses déterminants que ses mécanismes. Mais aussi invalider certaines idées fausses. Par exemple, autour du profil du « placebo-répondeurs ». Car tout le monde n’est pas sensible à l’effet placebo. Dans le passé, les placebo-répondeurs étaient considérés comme une population prête à se soumettre facilement à toute suggestion. Et fragile psychologiquement, passive, influençable. Or, il s’avère désormais que le public qui répond le mieux à l’effet placebo dispose d’un certain nombre de gênes impliquant le système dopaminergique du cerveau. Et ils sont généralement plutôt agréables, extravertis, sociables, en ouverture et font confiance.

En quoi les études des mécanismes de l’effet placebo parlent-elles aussi de la Sophrologie ?

Les études ont mis en évidence l’importance de la mémorisation et de la répétition d’un chemin de guérison dans l’effet placebo. Par exemple, lorsqu’un patient se voit soulagé par un médicament alors qu’il sait pertinemment que c’est un placebo !!! Oui, cela arrive. 30 % de la population a cette capacité d’enregistrer un chemin de guérison grâce à un vrai médicament. Et ensuite, de pouvoir reconduire ce même chemin de guérison alors que le principe actif spécifique a disparu. Mais il faut que tout l’emballage du médicament reste identique : la couleur, l’odeur ainsi que le rituel d’accompagnement du patient.

La Sophrologie mobilise aussi ces déterminants de l’effet placebo. Parfois inconscients, ils régulent, ventilent et modifient des fonctionnements qui ne sont plus en phase avec les besoins du patient.

L’importance du rituel thérapeutique

Ce qui est nouveau dans ces études sur l’effet placebo et qui est déjà présent dans la pratique de la Sophrologie, c’est la découverte de l‘importance du rituel thérapeutique.

Lors d’une prise en charge thérapeutique, le patient est mobilisé par ce qu’il voit, ce qu’il entend, ce qu’il respire. Et par tous les rituels qui lui disent qu’il est bien soigné : le rituel de l’accueil, de l’écoute bienveillante du professionnel etc. Cette stimulation s’avère être très valorisée dans l’effet placebo. Autre exemple : l’odeur des médicaments, les suggestions positives échangées avec l’équipe de soin (attention aux suggestions négatives !), les ressentis tactiles du corps du patient sur la machine à ultrasons etc. Toutes ces interactions sensorielles et sociales complexes qui se mettent en place vont finalement mobiliser la dimension psychologique du patient, induire, moduler ses attentes. Et concrètement, libérer des endorphines et de la dopamine en relation avec le système de récompense. Ce qui l’ouvre à sa guérison (ou pas).

Les propositions en Sophrologie

Nombreux sont les sophrologues qui proposent déjà des visualisations psycho-corporelles lorsque le client est en état de conscience modifiée, en ondes alpha. La personne retrouve le fil de ses sensations, de ses ressentis dans un moment singulier de sa vie. Cette augmentation de ses perceptions lui permet de prendre conscience de son état interne. Et de réinformer son corps, son psychisme si nécessaire, avec des nouvelles perspectives positives qui restent présentes dans sa vie quotidienne. Car le corps est le fondement de la conscience. Valoriser ces stimuli sensoriels reliés aux émotions, aux pensées est une première étape. La seconde est liée à toute la chaine d’informations et de significations liée à ces ressentis qui invite aussi le patient à affuter ses représentations du monde. Dans tous les cas, la mémorisation et la répétition des pratiques, l’alliance thérapeutique permet d’entrer en action et d’aller vers un mieux-être.

Les principes de la Sophrologie

La pratique du Sophrologue respecte 4 principes essentiels à l’efficacité de la Sophrologie :

  • l’action positive qui énonce que tous ressentis, pensées du client impactent positivement et son corps et son esprit,
  • l’intégration du schéma corporel c’est à dire que la Sophrologue apprends à son client à percevoir la représentation qu’il se fait de tout ce qui le constitue et entre autres, par la dynamisation de sa sensorialité,
  • la réalité objective qui impose au Sophrologue de voir les personnes et les situations qu’elles vivent sans préjugé ni à priori,
  • l’adaptabilité qui demande au Sophrologue de s’adapter à son client, à s’ajuster en permanence à sa situation.
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A nous tous faisant partie de la communauté humaine d’être toujours plus créatifs pour enrichir notre vie sensorielle, à donner toute sa place à l’aspect positif de nos expériences pour activer la composante psychologique de notre processus de guérison. Sans pour autant perdre le fil de notre discours intérieur et garder la capacité de discerner intérieurement où nos pensées nous entraînent.  

Un chemin étroit à pratiquer pour notre plus grand bien et sans prendre des vessies pour des lanternes !